Le Col de Braus est l'une des ascensions les plus emblématiques du cyclisme, bien que son histoire en terme de course ne soit pas si renommée. La série de virages en lacets niché sur ses pentes occidentales est une sorte de carte postale, peut-être même les coins les plus photographiés du monde cycliste (du moins dans les Alpes-Maritimes). Non seulement il s'agit d'un ruban d'asphalte parfait et drapé sur le flanc de la montagne, mais on peut le voir d'en haut, ce qui est étonnamment rare dans les cols de montagne.
Pourtant, Braus a un côté sombre. En remontant le versant Est de la montagne, on tombe sur un joyau de gravier que l'on oublie souvent, penchant plutôt pour sa sœur qui se veut plus glamour et plus goudronneuse. En grimpant depuis Sospel, le Chemin de Paraïs n'est pas balisé ou indiqué - si vous ne savez pas qu'il est là, vous ne le trouverez probablement jamais, ce qui le rend si spécial.
Sospel a subi une histoire militaire tumultueuse, les montagnes autour du village sont jonchées de forts et de ruines de plusieurs milliers d'années de conflit, ayant été arraché entre Nice et Vintimille, la France et l’Italie, l’Occitanie et la Savoie. La piste de Paraïs est un vestige de ces conflits qui est à l'origine coupée comme une voie d'accès militaire. À l'époque de sa construction, le canon était à la pointe de la technologie militaire, mais le cheval était encore le principal mode de transport. Cela signifiait que les routes militaires devaient maintenir une pente inférieure à 8 %, faute de quoi les chevaux ne pouvaient pas faire monter les canons. Aujourd'hui, l'ascension est régulière et constante - bien qu'elle soit plus courte de 2 km que l'ascension par la route. Même si elle ne varie pas, elle est donc continue.
Vous commencez la montée par la route du Col de Turini, en accrochant par la gauche de la maison du miel et en grimpant à travers les maisons du quartier La Vasta. La piste elle-même commence depuis Sospel Mechanique et débute par une pente régulière jusqu’à ce que vous atteignez le premier des douze virages en lacets au milieu des forêts de feuillus sur les pentes exposées Nord. En plein été, cette forêt est une aubaine, lorsque le soleil a fait de cette montée un plancher chauffé au four. Elle offre alors un peu de répit face à la chaleur incessante.
Le quatrième virage vous emmène sur le versant Sud de la vallée, la végétation change de la forêt broussailleuse. La piste devient plus profonde avec du gravier et des roches, le couvert forestier frais est laissé derrière. La pente devient alors la plus raide du parcours. Cela ne dure peut-être qu'un demi-kilomètre, mais la chaleur, la surface et les coups de pédales dans la pente font de leur mieux pour vous démoraliser, avec encore 5km à gravir.
Si vous avez de la chance et qu'il a plu récemment, le cinquième virage vous ramène dans la forêt et vous accueille avec un torrent de montagne en descente vers le cœur de la vallée - un endroit idéal pour vous rafraîchir, si l'été n'a pas laissé ce ruisseau sec et aride. De là, la montée est régulière, la pente ne varie pas beaucoup et la surface a tendance à se faciliter une fois de plus. Dans le sixième virage, vous pouvez sortir et contourner la face de la montagne pour rejoindre la route qui monte jusqu'au col. Vous pouvez aussi rester dans les bois et prendre la montée un peu plus longue jusqu'au Pas de l'Agree, à environ 50m au-dessus du Col de Braus. Ce qui permet de descendre au col par la petite voie unique à travers les pâturages, rejoignant la route derrière le restaurant (si vous ne sentez pas la voie unique, vous pouvez suivre la route qui descend au col).
Depuis le col, vous avez à nouveau le choix - il est facile de reprendre la route vers Nice - environ 40 km, presque en descente tout le long du retour. Ou alors, vous pouvez rester sur le gravier en suivant la piste de Lavinia qui longe les sommets des montagnes en direction de St Agnes. Il peut faire assez chaud en été car il n'y aura rien pour vous protéger entre vous et le soleil. La pente est beaucoup plus douce ici et vous serez récompensé par les meilleures vues sur Nice.
Le col de Farguet marque la fin de l’ascension en gravier. Durant la majeure partie de l'année, les bergers y gardent leurs troupeaux. Ce qui peut s’avérer dangereux pour les loups. La défense contre les attaques des loups est difficile pour les bergers car ils aiment frapper à 3 heures du matin, ce qui signifie rester sur leurs gardes toute la nuit puisque les loups ont trouvé un moyen de déjouer leurs chiens. Il n'est donc pas étonnant, lorsque les loups gagnent une partie, de voir les bergers exprimer leur colère en exhibant une carcasse en signe de protestation.
Depuis Farguet, ils suffit de longer le flanc de la montagne et de rejoindre la route. Il n'y a qu'une seul et méchante montée sur le flanc du Mont Ours - une traînée de goudron raide qui marque le dernier coup de pédale à mettre avant de commencer la descente. À partir de là, c'est tout en descente et vous pouvez suivre la route jusqu'au Col de Banquettes, puis Peille ou St Agnes.
Pour en savoir plus sur les sentiers aux abords de Nice, lisez notre série Riviera Gravel.
Notes: Photos & Texte : Matt Wragg